Le CDI accueille au mois de décembre l’exposition À la recherche de l’Amazonie oubliée , qui présente des extraits de la bande dessinée éponyme de Laure GARANCHER. Cette bande dessinée présente un projet de recherche scientifique mené depuis 2017 au cœur de la forêt amazonienne, à la station des Nouragues, par des chercheurs de plusieurs disciplines, pour étudier les traces de peuplement précolombiens. Guillaume ODONNE, ethnobotaniste au CNRS, est l’un des initiateurs de ce projet. Il était au lycée jeudi 12 décembre pour en parler avec les élèves de 2nde GT05 et un groupe d’élève d’AP.
Guillaume Odonne, ethnobotaniste au CNRS
Guillaume ODONNE est ethnobotaniste, c’est-à-dire un chercheur qui explore les relations entre les sociétés humaines et les plantes. Il essaie de répertorier les usages des plantes, leurs noms dans différentes langues… comme tous les chercheurs, son objectif est de créer des savoirs scientifiques. Il travaille pour le CNRS, une institution créée durant la Seconde Guerre mondiale qui a pour vocation de rassembler toutes les spécialités scientifiques pour mieux comprendre le monde et développer des savoirs innovants.
Le mythe d’une forêt vierge
L’idée de la forêt amazonienne comme un espace vierge est un mythe profondément ancré dans l’imaginaire collectif depuis l’arrivée des Européens en Amérique du Sud au XVIe siècle. En 1542, Francisco de Orellana et Gaspar de Carvajal réalisent la première traversée de l’Amazonie en descendant l’Amazone, depuis la source dans les Andes jusqu’à l’embouchure, au Brésil. Dans leur récit, ils décrivent une région densément peuplée, avec des villages amérindiens qui se succèdent, des champs cultivés et des torches illuminant les rives la nuit.
Cependant, lors d’expéditions ultérieures, les explorateurs ne retrouvent pas de telles traces d’habitations : les maladies apportées par les Européens ont décimé jusqu’à 90 % de la population autochtone (ce que l’on appelle le « choc microbien »). Cet effondrement démographique a entraîné l’abandon des terres agricoles, une désorganisation sociale et religieuse, et une reforestation massive des zones autrefois cultivées. Le peu de traces matérielles (bois, palmes) a longtemps empêché les archéologues de reconnaître l’ampleur de cette occupation humaine.
Les montagnes couronnées en Amazonie
L’étude des « montagnes couronnées » était au cœur du projet mené par les chercheuses et chercheurs du CNRS, qui cherchaient à comprendre leur utilité.
Les montagnes couronnées sont des sommets aménagés par les populations précolombiennes en Amazonie, qui suscitent encore de nombreuses interrogations quant à leur fonction. Elles ont été découvertes grâce à l’utilisation d’une nouvelle technologie, le LIDAR (un avion qui envoie au sol des rayons laser lui permettant de relever précisément le relief). Selon les scientifiques, ces montagnes couronnées auraient pu être…
• des fortifications défensives,
• des zones agricoles,
• des lieux cérémoniels,
• des habitats pour les élites,
• ou encore des cimetières.
À ce jour, seules deux montagnes couronnées ont été fouillées. Grâce à la technologie LIDAR, environ 200 montagnes ont été identifiées, mais les estimations des chercheurs, notamment brésiliens, suggèrent qu’il pourrait y en avoir jusqu’à 10 000 dans toute l’Amazonie.
Ce qu’en disent les élèves…
Pour Anaël et Yaël, le meilleur moment, c’est quand Guillaume Odonne a expliqué son métier, et les études à faire pour devenir chercheur. En effet, pas moins de 12 ans d’étude (études de pharmacie, puis doctorat en ethnobotanique) ont été nécessaires ! La bonne nouvelle, résumée par Ronaldo, c’est que les chercheurs sont encore loin de tout connaître sur le peuplement amérindien précolombien de l’Amazonie, et qu’il y a donc de nombreuses recherches qui restent à mener. Et une fois que les recherches sont terminées, il faut encore les diffuser, et ça aussi ça prend du temps ! C’est ce qu’a retenu Yaritza : il a fallu des mois et des mois pour publier la bande dessinée À la recherche de l’Amazonie oubliée.
Leïdi, Samuel et Mozes sont d’accord pour souligner la qualité de l’exposition. Elle était « bien présentée », « facile à comprendre », « avec des données intéressantes et précises ». Surtout, elle a permis aux élèves de se sentir « plus intelligents qu’avant » !
Alors, qu’en retiendront les élèves ? Pour Leïna, en trois mots : « biodiversité », « cohabitation » et « survie », lors des trois semaines de recherche menées à la station des Nouragues. Pour Elodie, que la forêt est riche et qu’il faut la préserver. Pour Mike-Kelie, qu’on est finalement plus en sécurité en forêt qu’en ville.
Et vont-ils changer certaines de leurs habitudes ? Sans aucun doute ! La rencontre avec Guillaume Odonne a donné envie à Anaël d’aller plus souvent en forêt, et Lorine a décidé de parler aux plantes, parce qu’elle s’est rendu compte de l’importance de ces êtres vivants.
Mme BAILLY
Mme KIHM